vendredi 4 décembre 2015

LES GHETTOS EN FRANCE ET AILLEURS

(le monde du 1er Décembre 2015)

Ne nous trompons pas de guerre !

Plutôt que de livrer un combat en Syrie contre une organisation Etat islamique qui renaîtra sous une autre forme, les Occidentaux devraient donner un avenir à ce Lumpenproletariat des banlieues européennes ou américaines transformées en réservoirs de militants djihadistes


Après le président François Hollande réagissant aux attentats du 13  novembre en région parisienne, plusieurs dirigeants occidentaux ont déclaré la guerre à l'organisation Etat islamique, qui n'est guère qu'une tribu barbare quelque part entre la Syrie et l'Irak.
Le terme de guerre me paraît excessif, une métaphore aussi inadaptée à la réalité que la guerre contre la terreur, décidée par le président américain George W. Bush après les attentats du 11  septembre 2001. Dans le scénario le plus optimiste pour l'Occident, des interventions militaires à distance parviendront à déplacer Daech d'une oasis à l'autre, voire à en éliminer les dirigeants. Mais on ne gagne pas une guerre contre un ennemi insaisissable sans territoire fixe et sans dirigeants immuables. Si Daech est détruit, une autre guérilla, une autre tribu prendra le relais, de même que Daech avait supplanté Al-Qaida.
Pour comprendre la rage qui anime ces mouvements contre l'Occident et plus encore, les uns contre les autres, et les sunnites contre les chiites, il convient de remonter à 1924, la suppression du califat par le premier président de la République de Turquie, Mustafa Kemal Atatürk. Depuis le temps de Mahomet, les musulmans, bien que dispersés en des milliers de sectes, se reconnaissaient un chef suprême, le calife qui, pendant cinq siècles, fut le sultan ottoman.
Ce calife était plus ou moins légitime pour des musulmans si divisés entre eux, mais il incarnait un espoir, celui du retour à l'âge d'or du Prophète, une sorte de messianisme qui anime les combattants djihadistes d'aujourd'hui. Le calife était aussi le protecteur des lieux saints, La  Mecque, Médine et Jérusalem, en en garantissant l'accès à tous les musulmans.
Vanité
Si la monarchie saoudienne est tant jalousée ou haïe par les musulmans d'ailleurs, c'est essentiellement parce que cette dynastie s'est emparée des lieux saints. Pour mémoire, le véritable combat d'Oussama Ben Laden était la reconquête de ces lieux saints  ; il ne s'attaqua aux Etats-Unis que par ricochet, dans la mesure où les Américains soutiennent la dynastie saoudienne. Ce rappel historique et théologique n'a pour objet que de rappeler la vanité d'une intervention occidentale dans cette querelle séculaire  : il surgira incessamment des nouveaux candidats au califat.
Au mieux, les Occidentaux parviendront-ils à contenir les effets indirects sur nous-mêmes, les éclaboussures sanglantes de cette guerre sainte en Islam. L'autre guerre à mener, chez nous, longue, difficile, mais celle qui peut être gagnée et garantir notre sécurité est la suppression des réservoirs de militants djihadistes qui légalement sont nos concitoyens. Mais à Paris, Bruxelles, Rome, Madrid, Detroit ou Genève, ils se perçoivent comme des citoyens de seconde zone et admettons-le, sont souvent considérés comme des demi-citoyens. Ne nous étonnons pas que les terroristes se recrutent parmi eux  : nul besoin de les faire venir de Syrie. Depuis quarante ans, Paris et Bruxelles étant malheureusement exemplaires, des politiques erronées dans nos pays ont laissé se constituer des quasi-nations non intégrées aux marges de nos capitales.
Trois erreurs majeures ont été commises par tous les gouvernements, droite et gauche confondues.
La première fut de construire des logements dits sociaux, en location, ce qui a inévitablement conduit à des regroupements ethniquement homogènes et uniformément pauvres  : aux Etats-Unis, la même erreur avait été commise au détriment des Afro-Américains. Il aurait fallu encourager l'accès à la propriété pour "  embourgeoiser  " ces enfants et petits-enfants de l'immigration  : le logement social en location a conduit à la reproduction de la marginalisation.
La deuxième erreur fut de mener des politiques de l'emploi favorables à ceux qui ont déjà un emploi ou disposent du capital social, éducatif et familial pour en trouver un. Pour tous les autres, le salaire minimum obligatoire par exemple, ou la rigidité du marché de l'emploi ont dissuadé les employeurs de recruter les jeunes issus de l'immigration  : les parents immigrés, eux non violents, étaient venus avec un contrat de travail en poche.
La troisième erreur aura été de ne pas prendre acte des conséquences désastreuses de ces politiques du logement social et de l'emploi rigide, mais d'en tolérer les effets  : la création de vastes territoires de Lumpenproletariat dont, progressivement, la police, les écoles, les services médicaux, les entreprises se sont retirés.
Aussi longtemps que ces erreurs de politique intérieure ne seront pas reconnues, les candidats au djihad seront dans nos murs.
J'ajouterai que l'interdiction croissante de pratiquer l'islam, au nom de notre laïcité, intolérante, est une erreur de plus  : si on ne peut pas être musulman en Europe, on devient musulman contre l'Europe. Evidemment, il est plus tentant pour tout chef d'Etat de se poser en chef de guerre  : c'est aussi ce qu'attendent les peuples qui crient vengeance. Mais à se tromper de guerre, on n'obtient pas la paix.
par Guy Sorman Le Monde

Commentaire de Med Boudia



Bonjour ! Êtres humains ! Le partage d'idées humanistes vous élève au rang de l'humain intrinsèque dans sa composante humaniste naturelle. Vous pensez bien car je partage entièrement ces idées on ne peut plus justes. La même gaffe a été faite en Algérie et c'est ce qui nous a valu une décennie rouge et non point noire. La satellisation de villes nouvelles continue avec ces logements dits sociaux qui deviennent par la suite de nids de djihadistes, de marginaux et des coupe-gorges. Il aurait été préférable d'entamer une politique d'intégration ne reléguant point ces communautés à l'extérieur des centres urbains et les prémunir contre toutes sortes de marginalisations tendant à accroître leur esseulement et leur particularité ethnique ou sociale.
Prions Dieu pour que cela cesse dans les meilleurs délais car le monstre a sept têtes et vous en coupez une, il lui reste encore six et autant vous en coupez, autant il naîtra d'autres têtes encore plus virulentes et plus voraces. Je crois que tous les dirigeants du monde entier n'ont pas saisi l'importance qu'ils doivent donner à la jeunesse et la prémunir contre ces dérives qui nous emportent vers une troisième guerre mondiale (Dieu nous en préserve), mais les prémices sont là et nous ne pouvons que constater le chaos dans lequel sombre actuellement le monde. Espérons seulement que Dieu ait pitié de nous inchaa Allah !

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