mardi 15 décembre 2015

COMMENT SE CONCOCTE UN MARIAGE DANS LA REGION D'EL ASNAM

COMMENT SE CONCOCTE UN MARIAGE DANS LA RÉGION DE CHLEF



Dans la coutume, dans les années les plus reculées dans le temps, c’était les pères, généralement, qui demandaient la fille pour leurs enfants, soit dans les souks, soit dans les cafés, soit durant les wa3dates des différents saints de la région. Comment ? C’est les femmes qui, généralement, sont à l’origine de la localisation de la future mariée, soit au cours des fêtes, soit au hammam. C’est ensuite les hommes qui prennent le relais pour discuter des arrangements de la dot et des différentes façons de légaliser le mariage. Pour un premier temps, la mère du futur marié, accompagnée de la tante paternelle et de ses filles qui rendent visite à la famille ciblée, pour se rendre compte de la beauté et de la prestance de la fille qu’elles vont choisir à leur fils et neveu ou frère. Lorsqu’il y a consensus entre les femmes, on fixe une date pour que les hommes puissent se présenter pour demander la main de la fille. On se donne de part et d’autre, un certain temps qui permet aux deux familles de se renseigner sur l’une et l’autre famille. Le jour convenu pour les fiançailles,

Généralement, on essaie de ramener le plus possible de notables et de gens connus  pour prouver que la famille du futur marié est notable et qu’il est bon de s’allier à elle. Dans la plupart des cas, c’est le père du futur marié, adjoint de ses frères et beaux-frères, accompagnés de gens notables parmi les gendres et les belles-familles qui pourront prouver un tant soit peu, la notabilité, la crédibilité et le sérieux de la famille demanderesse.
Ils sont reçus par la famille de la future mariée avec tous les égards dus à leur rang. On leur présente tous les membres de la famille et le représentant de la famille du futur présentera à son tour tous les membres qui l’ont accompagné.
On n’entre pas directement dans le vif du sujet. On discute de tout et de rien. On apporte gâteaux et boissons fraîches et chaudes (limonade, café, thé, etc. ...). On s’entend par la suite sur la dot à verser à la future mariée et tout l’accompagnement. Actuellement, on se met d’accord sur une somme déterminée, qui ne dépasse généralement pas les 12 ou 15 millions de centimes, tout compris. C’est quand même abordable à plus d’un titre. Même les familles de Orf Sidi Maâmar, ne demande actuellement pas plus de 10 millions de centimes tout compris.
Après avoir dégusté boissons et gâteaux, on revient au problème primordial qui est la demande de la main de la fille de la famille hôte. Généralement, c’est les femmes qui fixent le montant de la dot entre elles et les hommes ne font qu’entériner les vœux des épouses, sœurs et tantes qui ont visité de prime abord, la famille en question.
Nous parlons ici, de la chari’â qui oblige les deux familles à passer par un rituel édicté par Dieu pour toute union, car elle est considérée comme sacrée et qu’il faut respecter le rituel qui est le suivant :
C’est généralement un imam qui dirige les opérations. Le père du futur marié doit commencer par dire : Commençons par prier pour le prophète Mohamed trois fois puis, il enchainera « Nous sommes venus pour unir nos familles = «Djina talbine menkoum el hsab wa nsab, talbine yad bentkoum (ex : Fatma bent Kaddour) pour notre fils M’hamed ben Laïd. Le représentant de la future mariée, en l’occurrence, son père ou son oncle, doit répondre : « Nous acceptons si vous-mêmes vous acceptez nos conditions = Rana kabline idha kbaltou chartna ».
Du moment qu’ils se sont entendu à l’avance sur les différentes conditions, le représentant du futur marié doit répondre : « Ma houm chouroutkoum ». Le représentant de la mariée doit énumérer les conditions une à une devant l’assistance. Le représentant du futur dira « Nous acceptons vos conditions » et il doit remettre la somme convenue au représentant de la future mariée. La liasse d’argent doit transiter par tous les membres des deux familles présents qui en seront témoins devant Dieu et devant les hommes. Le représentant de la  future mariée dira trois fois la prière sur le prophète Mohamed et dira : « lakad zaouadjtou ibnati (Fatma bent Kaddour) à votre fils M’hamed ben Laïd, devant Dieu et cette assistance qui en sera témoin devant lui. Ensuite, ce sera au tour de l’imam de réciter quelques versets du Coran pour concrétiser l’union devant Dieu et devant les hommes en ces termes : « Oh ! Gens ! Nous vous avons créés en tant que mâles et femelles et vous vous avons faits peuples et tribus afin que vous puissiez vous connaître et le plus méritant parmi vous auprès de Dieu, sera le plus pieux ». Il dira, ensuite, un autre verset du Coran qui a trait directement au mariage, cette union sacrée, le premier verset de sourate Al Baqarah :
{1} يَا أَيُّهَا النَّاسُ اتَّقُوا رَبَّكُمُ الَّذِي خَلَقَكُمْ مِنْ نَفْسٍ وَاحِدَةٍ وَخَلَقَ مِنْهَا زَوْجَهَا وَبَثَّ مِنْهُمَا رِجَالًا كَثِيرًا وَنِسَاءً وَاتَّقُوا اللَّهَ الَّذِي تَسَاءَلُونَ بِهِ وَالْأَرْحَامَ إِنَّ اللَّهَ كَانَ عَلَيْكُمْ رَقِيبًا
Ô hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés d'un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux là a fait répandre (sur la terre) beaucoup d'hommes et de femmes. Craignez Allah au nom duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens du sang. Certes Allah vous observe parfaitement.
Sourate Al Fatiha et ses sept versets :
{1} بِسْمِ اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux.
{2} الْحَمْدُ لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ
Louange à Allah, Seigneur de l’univers,
{3} الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,
{4} مَالِكِ يَوْمِ الدِّينِ
Maître du jour de la rétribution.
{5} إِيَّاكَ نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ
C’est Toi (Seul) que nous adorons, et c’est Toi (Seul) dont nous implorons secours.
{6} اهْدِنَا الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ
Guide-nous dans le droit chemin,
{7} صِرَاطَ الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ غَيْرِ الْمَغْضُوبِ عَلَيْهِمْ وَلَا الضَّالِّينَ
Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.
Les présents lèvent leurs mains vers le ciel pour implorer Dieu de bien vouloir bénir cette union et reprendront alors leur discussion sur des sujets d’ordre varié et se donneront rendez-vous pour légaliser l’union devant l’administration publique par un certificat de mariage. Par la suite, sera fixée la date des noces qui est décidée d’un commun accord par les deux parties.
Les festivités des noces sont généralement faites le même soir pour que le lendemain, la belle famille puisse venir prendre possession de la mariée et l’amener au domicile conjugal. Un cortège est formé au départ du domicile du futur marié se dirigera vers le domicile des futurs beaux-parents. Après une collation, la mariée, enveloppée normalement dans le burnous de son père, doit franchir la porte du domicile de ses parents sous le bras tendu du père, de l’oncle ou du grand frère, en forme de pont devant la porte (ce qui veut dire qu’elle sort avec l’assentiment de ses parents).Dans le temps, c’est l’oncle maternel du marié qui la prenait à bras-le-corps et la posait dans le véhicule ou sur la jument (cette pratique s’est perdue avec la dislocation de la famille).  Maintenant cela ne se fait plus, la mariée se dirige elle-même vers la voiture et y monte tout simplement. Elle trouvera généralement sur l’avant de la voiture, le père du marié et la maman à l’arrière.  Une parente ou une amie de la famille (qu’on appelle « Gouada » accompagnera la jeune mariée et l’assistera durant ses noces. Par moments, elles sont deux à accompagner la mariée. Elles ne reviendront à leur domicile qu’après  que le mariage soit consommé. Le lendemain des noces, la famille de la mariée ramène un grand plat de couscous bien garni et déjeunera avec les beaux-parents de leur fille. Avant de quitter le domicile conjugal de la mariée, les « gouadates » reçoivent comme présent, des effets vestimentaires comme cadeau pour leur dévouement et ce, de la part du marié.
En définitive, je crois que c’est le même processus dans toutes les régions d’Algérie et même dans le monde arabe et musulman, avec quelques variantes, peut-être. J’espère ne pas avoir écorché certaines phrases dans le rituel du mariage dans notre région et dans notre pays.
                                                                                               Mohamed Boudia

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