COMMENT SE CONCOCTE UN MARIAGE DANS LA RÉGION DE CHLEF
Dans la coutume, dans les années les plus reculées
dans le temps, c’était les pères, généralement, qui demandaient la fille pour
leurs enfants, soit dans les souks, soit dans les cafés, soit durant les
wa3dates des différents saints de la région. Comment ? C’est les femmes
qui, généralement, sont à l’origine de la localisation de la future mariée,
soit au cours des fêtes, soit au hammam. C’est ensuite les hommes qui prennent
le relais pour discuter des arrangements de la dot et des différentes façons de
légaliser le mariage. Pour un premier temps, la mère du futur marié,
accompagnée de la tante paternelle et de ses filles qui rendent visite à la
famille ciblée, pour se rendre compte de la beauté et de la prestance de la
fille qu’elles vont choisir à leur fils et neveu ou frère. Lorsqu’il y a consensus
entre les femmes, on fixe une date pour que les hommes puissent se présenter
pour demander la main de la fille. On se donne de part et d’autre, un certain
temps qui permet aux deux familles de se renseigner sur l’une et l’autre
famille. Le jour convenu pour les fiançailles,
Généralement, on essaie de ramener le plus possible
de notables et de gens connus pour
prouver que la famille du futur marié est notable et qu’il est bon de s’allier
à elle. Dans la plupart des cas, c’est le père du futur marié, adjoint de ses
frères et beaux-frères, accompagnés de gens notables parmi les gendres et les
belles-familles qui pourront prouver un tant soit peu, la notabilité, la
crédibilité et le sérieux de la famille demanderesse.
Ils sont reçus par la famille de la future mariée
avec tous les égards dus à leur rang. On leur présente tous les membres de la
famille et le représentant de la famille du futur présentera à son tour tous
les membres qui l’ont accompagné.
On n’entre pas directement dans le vif du sujet. On
discute de tout et de rien. On apporte gâteaux et boissons fraîches et chaudes
(limonade, café, thé, etc. ...). On s’entend par la suite sur la dot à
verser à la future mariée et tout l’accompagnement. Actuellement, on se met
d’accord sur une somme déterminée, qui ne dépasse généralement pas les 12 ou 15
millions de centimes, tout compris. C’est quand même abordable à plus d’un
titre. Même les familles de Orf Sidi Maâmar, ne demande actuellement pas plus
de 10 millions de centimes tout compris.
Après avoir dégusté boissons et gâteaux, on revient
au problème primordial qui est la demande de la main de la fille de la famille
hôte. Généralement, c’est les femmes qui fixent le montant de la dot entre
elles et les hommes ne font qu’entériner les vœux des épouses, sœurs et tantes
qui ont visité de prime abord, la famille en question.
Nous parlons ici, de la chari’â qui oblige les deux
familles à passer par un rituel édicté par Dieu pour toute union, car elle est
considérée comme sacrée et qu’il faut respecter le rituel qui est le
suivant :
C’est généralement un imam qui dirige les
opérations. Le père du futur marié doit commencer par dire : Commençons
par prier pour le prophète Mohamed trois fois puis, il enchainera « Nous
sommes venus pour unir nos familles = «Djina talbine menkoum el hsab wa nsab,
talbine yad bentkoum (ex : Fatma bent Kaddour) pour notre fils M’hamed ben
Laïd. Le représentant de la future mariée, en l’occurrence, son père ou son
oncle, doit répondre : « Nous acceptons si vous-mêmes vous acceptez
nos conditions = Rana kabline idha kbaltou chartna ».
Du moment qu’ils se sont entendu à l’avance sur les
différentes conditions, le représentant du futur marié doit répondre :
« Ma houm chouroutkoum ». Le représentant de la mariée doit énumérer
les conditions une à une devant l’assistance. Le représentant du futur dira
« Nous acceptons vos conditions » et il doit remettre la somme
convenue au représentant de la future mariée. La liasse d’argent doit transiter
par tous les membres des deux familles présents qui en seront témoins devant
Dieu et devant les hommes. Le représentant de la future mariée dira trois fois la prière sur
le prophète Mohamed et dira : « lakad zaouadjtou ibnati (Fatma bent
Kaddour) à votre fils M’hamed ben Laïd, devant Dieu et cette assistance qui en
sera témoin devant lui. Ensuite, ce sera au tour de l’imam de réciter quelques
versets du Coran pour concrétiser l’union devant Dieu et devant les hommes en
ces termes : « Oh ! Gens ! Nous vous avons créés en tant
que mâles et femelles et vous vous avons faits peuples et tribus afin que vous
puissiez vous connaître et le plus méritant parmi vous auprès de Dieu, sera le
plus pieux ». Il dira, ensuite, un autre verset du Coran qui a trait
directement au mariage, cette union sacrée, le premier verset de sourate Al
Baqarah :
{1} يَا أَيُّهَا النَّاسُ اتَّقُوا رَبَّكُمُ الَّذِي خَلَقَكُمْ
مِنْ نَفْسٍ وَاحِدَةٍ وَخَلَقَ مِنْهَا زَوْجَهَا وَبَثَّ مِنْهُمَا رِجَالًا
كَثِيرًا وَنِسَاءً وَاتَّقُوا اللَّهَ الَّذِي تَسَاءَلُونَ بِهِ وَالْأَرْحَامَ
إِنَّ اللَّهَ كَانَ عَلَيْكُمْ رَقِيبًا
Ô hommes! Craignez votre Seigneur qui vous a créés
d'un seul être, et a créé de celui-ci son épouse, et qui de ces deux là a fait
répandre (sur la terre) beaucoup d'hommes et de femmes. Craignez Allah au nom
duquel vous vous implorez les uns les autres, et craignez de rompre les liens
du sang. Certes Allah vous observe parfaitement.
Sourate Al Fatiha et ses sept versets :
{1} بِسْمِ
اللَّهِ الرَّحْمَنِ الرَّحِيمِ
Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très
Miséricordieux.
{2} الْحَمْدُ
لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ
Louange à Allah, Seigneur de l’univers,
{3} الرَّحْمَنِ
الرَّحِيمِ
Le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux,
{4} مَالِكِ
يَوْمِ الدِّينِ
Maître du jour de la rétribution.
{5} إِيَّاكَ
نَعْبُدُ وَإِيَّاكَ نَسْتَعِينُ
C’est Toi (Seul) que nous adorons, et c’est Toi
(Seul) dont nous implorons secours.
{6} اهْدِنَا
الصِّرَاطَ الْمُسْتَقِيمَ
Guide-nous dans le droit chemin,
{7} صِرَاطَ
الَّذِينَ أَنْعَمْتَ عَلَيْهِمْ غَيْرِ الْمَغْضُوبِ عَلَيْهِمْ وَلَا
الضَّالِّينَ
Le chemin de ceux que Tu as comblés de faveurs, non pas
de ceux qui ont encouru Ta colère, ni des égarés.
Les présents lèvent leurs mains vers le ciel pour
implorer Dieu de bien vouloir bénir cette union et reprendront alors leur
discussion sur des sujets d’ordre varié et se donneront rendez-vous pour
légaliser l’union devant l’administration publique par un certificat de
mariage. Par la suite, sera fixée la date des noces qui est décidée d’un commun
accord par les deux parties.
Les festivités des noces sont généralement faites le
même soir pour que le lendemain, la belle famille puisse venir prendre
possession de la mariée et l’amener au domicile conjugal. Un cortège est formé
au départ du domicile du futur marié se dirigera vers le domicile des futurs
beaux-parents. Après une collation, la mariée, enveloppée normalement dans le
burnous de son père, doit franchir la porte du domicile de ses parents sous le
bras tendu du père, de l’oncle ou du grand frère, en forme de pont devant la
porte (ce qui veut dire qu’elle sort avec l’assentiment de ses parents).Dans le
temps, c’est l’oncle maternel du marié qui la prenait à bras-le-corps et la
posait dans le véhicule ou sur la jument (cette pratique s’est perdue avec la
dislocation de la famille). Maintenant
cela ne se fait plus, la mariée se dirige elle-même vers la voiture et y monte
tout simplement. Elle trouvera généralement sur l’avant de la voiture, le père
du marié et la maman à l’arrière. Une
parente ou une amie de la famille (qu’on appelle « Gouada » accompagnera
la jeune mariée et l’assistera durant ses noces. Par moments, elles sont deux à
accompagner la mariée. Elles ne reviendront à leur domicile qu’après que le mariage soit consommé. Le lendemain
des noces, la famille de la mariée ramène un grand plat de couscous bien garni
et déjeunera avec les beaux-parents de leur fille. Avant de quitter le domicile
conjugal de la mariée, les « gouadates » reçoivent comme présent, des
effets vestimentaires comme cadeau pour leur dévouement et ce, de la part du
marié.
En définitive, je crois que c’est le même processus
dans toutes les régions d’Algérie et même dans le monde arabe et musulman, avec
quelques variantes, peut-être. J’espère ne pas avoir écorché certaines phrases
dans le rituel du mariage dans notre région et dans notre pays.
Mohamed
Boudia
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