Café
littéraire du 5 Décembre 2015
L’ouverture de cette séance du café
littéraire a été entamée par le Dr Ali Medjdoub, écrivain et poète qui voulut
donner une dimension encore plus large au Bey de Tunis qui a été exilé à Ténès
dans des conditions très affreuses. Il devait, en outre, dire :
MONCEF BEY, De son vrai nom Mohamed El
Mouncef Ben El Naceur El Housseini, est né le 4 Mars 1881 à Tunis. Il fut le 26ème
bey de Tunis, du 19 Juin 1942 jusqu’à sa destitution le 15 Mai 1943. Il n’a
régné sur la Tunisie que 10 mois et 26 jours. Il est l’avant-dernier bey de la
dynastie husseinite. Son règne se trouva tronqué par la deuxième guerre
mondiale et les différends avec le gouvernement de Vichy lui valurent la destitution,
du fait de sa revendication pour se soustraire à la mainmise de la politique de
Vichy sur la Tunisie qui n’était pas considérée comme colonie mais sous
protectorat.
Il fut l’un des premiers soutiens aux
nationalistes destouriens et néo-destouriens. Roger Casemajor a résumé en ces
termes, la position de Moncef Bey : « par cette attitude de bascule
entre les diplomates étrangers et les autorités du protectorat, le bey de Tunis
fit preuve d’une grande souplesse qui lui permit de servir les intérêts de ses
sujets et la cause de son pays ». Il avait comme premier ministre, Hadi
Lakhoua puis M’hamed Chenik. Son prédécesseur fut Ahmed Bey Ethani et son successeur Lamine Bey.
Lors des évènements d’Avril 1922, il
joua un rôle très important par son soutien aux nationalistes du Destour qu’il
fit recevoir par son père El Naceur Bey.
Pour Moncef Bey, cet acte de bravoure
était légitime car la Tunisie était un pays indépendant sous protectorat
français.
Le 2 Août 1942, dans un mémorandum écrit
par son premier ministre (vizir) et envoyé au gouvernement de Vichy, réclamant
beaucoup plus de droits pour les tunisiens, entre autres, l’enseignement de
l’arabe et la nationalisation de certaines entreprises qui ont une utilité
publique.
Depuis son accession au trône, ses vues
et agissements ne plurent pas à Vichy.
D’un autre côté, lors de la cérémonie de
l’Aïd El Fitr, le 2 Octobre 1942, il constata qu’aucun tunisien n’a été invité
par le résident général, l’amiral Jean-Pierre Esteva qui lui répond que seuls
les français ont droit à des postes de responsabilité ce qui le choqua. Il
dépêche un télégramme à Pétain pour lui demander de rappeler son résident
général car la tension est montée de plusieurs crans entre les deux
personnages.
Il se tourne vers les américains et reçoit
le consul des Etats-Unis, Hooker Doolittle, et les forces de l’axe débarquèrent
en Tunisie qui devint un champ de bataille.
Moncef Bey s’entoura de ministres
(gauche) indépendantistes néo-destouriens que le résident général n’admit pas,
parmi ces derniers, un ministre des finances avait refusé le budget qu’il
fallait allouer à la gendarmerie française qui prenait de l’ampleur en Tunisie.
Le résident général avait dit qu’on ne devait nullement faire grief à la
gendarmerie française et cela avait offusqué Moncef Bey.
Charles Saumagne apporte un témoignage
sur cet incident qui valut la destitution de Moncef Bey : « Mais
c’est surtout contre la gendarmerie dont le réseau serré vient d’être institué
dans le pays et qu’on mène une campagne ardente depuis quelques mois, le
développement de la gendarmerie en Tunisie n’est-il pas le plus récent exemple
de substitution de l’autorité de souveraineté française à celle du gouvernement
tunisien, l’atteinte la plus directe à la personnalité tunisienne. »
Par la suite, on accusa Moncef Bey de
collaboration avec l’ennemi (les forces de l’axe) et le général Henri Giraud
demanda sa destitution par le biais du résident général Alphonse Juin qui
demanda à Moncef Bey d’abdiquer, ce que refusa catégoriquement ce derniers en
disant : « J’ai juré de défendre mon peuple jusqu’à mon dernier
souffle. Je ne partirais que si mon peuple me le demande. »
Le lendemain, il est destitué par
ordonnance par le Général Giraud et emmené dans un avion de l’armée de l’air
française. Son cousin Lamine Bey lui succéda, le 15 Mai 1943. Il est installé à
Laghouat où il abdique officiellement le 8 Juillet 1943 et se voit exiler à
Ténès (littoral du département d’Orléansville (El Asnam – actuellement Chlef)
où il résida dans un palais qu’on appelle toujours « Ksar El Bey ».
Il fut ensuite transféré à Pau le 17 Octobre 1945 jusqu’à sa mort, le 1er
Septembre 1948.
Son corps fut rapatrié et enterré avec
tous les honneurs comme un martyr en haut du cimetière du Djellaz à Tunis,
alors que la majorité des souverains sont enterrés au mausolée de Tourbet El
Bey dans la Médina de Tunis.
Désormais, une place porte son nom à
Tunis. Elle a été inaugurée par Moncef Marzouki, président de la république
tunisienne, le 1er Septembre
2012, 64ème anniversaire de sa mort qui survint le 1er
Septembre 1948.
Comme intermède, M. Hrache Beghdadi dit Kaddour, musicien, virtuose du oud, a gratifié l'assistance d'une musique orientale qui a détendu l'atmosphère.
Pour agrémenter l’audience, des lectures
poétiques furent proposées par les poètes attitrés du café littéraire tels,
Saâdoune Bouabdellah, Allali Miloud, Amiche Saliha, sans oublier la petite
poétesse Hanya Benmériem qui gratifia l’assistance d’une chansonnette de
l’abeille.
Pour clôturer, le président du café
littéraire, devait demander à l’assistance présente de ne point singer les
autres, qu’ils soient européens ou américains ou asiatiques et d’être
nous-mêmes sans artifices. Il insista sur la fait que : « pourquoi
c’est toujours les algériens qui singent les afghans, les saoudiens, les
américains, les européens, etc.. et non point l’inverse. A cette question, la
réponse reste en suspens…..
Mohamed Boudia
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