Portrait d’un artiste méconnu
Je ne le connaissais
que de vue. Je savais qu’il était de la ville d’El Asnam et que son père
s’appelait Bentouiza, c’est un surnom qui lui a été donné par les habitants
de la ville d’El-Asnam. Il ne refusait jamais d’aider les autres d’où le
nom qu’on lui a donné et qui est tiré d’un mot arabe « Touiza »
qui veut dire « entraide » ou
« solidarité ».
D’ailleurs même son
fils est nommé actuellement Cheikh Mohamed Bentouiza au lieu de Benzahra
Mohamed. Je vous donne ici une petite biographie de ce cheikh méconnu qui
chante très bien le « maghribi » avec une note bien personnelle
faisant de lui un artiste très considéré dans le milieu de la musique à
Chlef.
De G à D : Med
Boudia - Houari Abdelkrim - Med Benzahra" recevant un diplôme
d'honneur en présence de Mohamed Boudia, écrivain et de Houari Abdelkrim,
chroniqueur culturel à Radio Régionale Chlef (87.7 FM)
Mohamed Benzahra
(cheikh Mohamed Bentouiza) est né le 23 Mars 1954 à Chlef. Il est marié et
père de 7 enfants. Il a appris à jouer de l’instrument de musique sur le
luth « ôud » de son grand frère dès l’année 1970. Il a joué avec un
groupe de Tlemcen. Puis il créa son propre groupe de musique moderne ou
« maghribi » qu’il appela « Ferkat El Ôud ». Il avait
élu domicile dans les caves du monoprix « ex-Cité An-nasr ». Ils
faisaient leurs répétitions à côté de la source qui surplombe le Chéliff et
qu’on appelle « El Ançor » dont l’eau, disait-on guérissait
certains boutons de par sa composition soufrée. Je vous donne ici quelques
membres qui ont composé « Ferkat el ôud » en l’occurrence :
Benzahra Mohamed dit Cheikh Mohamed Bentouiza, Benzahra Salah, Djaâfar
Miloud, Djaâfar Brahim, Guélil Smaïn, Rahou Djilali, Abdellah El Achari,
Nacer Nasser dit Medjdoub, M’hamed Mekhata, Abdelkader Rachidi, Sahnoun,
etc…Il a assisté avec sa troupe dans une fête familiale à la cité Bensouna
en 1971 et le cachet qu’il perçut avec sa troupe ne dépassa pas les 160
dinars algériens pour toute la soirée. C’était sa première apparition en
public. C’est lors de cette fête qu’il eût avec son groupe, une notoriété
des plus grandes. Ils étaient sollicités partout et par tout le monde. La
première fois qu’ils se sont produits, ils ont été pris pour des marocains.
Ils avaient un programme chargé. La matinée, ils animaient les fêtes de
circoncision et la soirée, les noces (mariages).Presque tout le groupe
était volontaire au niveau du Croissant Rouge Algérien à Chlef. Sur
proposition de Monsieur Halim Senouci, alors président du Comité de Wilaya
du Croissant Rouge Algérien, le groupe « Ferkat El Ôud » fut
délocalisé et put se fixer au sein du siège du Comité de Wilaya du
Croissant Rouge Algérien. Par la suite, Monsieur Halim Senouci gravit les
échelons de par son abnégation à vouloir servir les autres et fut
nommé Représentant de l’Afrique et du Moyen-Orient au niveau du
Comité International des Croix et Croissants Rouges à Genève. Il fut
remplacé au niveau du Comité de Wilaya de Chlef par Monsieur Boudriâ Maâmar
auquel nous souhaitons un prompt rétablissement. Lors de notre entretien
Cheikh Mohamed Benzahra nous dit qu’il ne regrette nullement d’avoir mis
sur pied « Ferkat El Ôud », bien au contraire, cela m’a permis de
connaître des gens formidables, je me suis fait des tas d’amis et j’ai
côtoyé des stars de la chanson moderne ou maghribi. Nous avons toujours
œuvré pour le bien de l’art et de la culture en général. Nous avons
toujours été présent pour porter assistance aux pauvres ce qui était devenu
notre tâche quotidienne au niveau du Comité de wilaya du Croissant Rouge
Algérien. Au lendemain du séisme du 10 Octobre 1980, nous avons été
contraints d’arrêter nos représentations car nous avions d’autres chats à
fouetter au sein du Comité de Wilaya du Croissant Rouge Algérien.
L’éclatement de la ville au lendemain du tremblement de terre a été pour
quelque chose dans l’arrêt des représentations de « Ferkat El Ôud ».
Ce n’est qu’en 2007 que, sur instigation de Monsieur Khélifa Berrabha que
je repris mon luth et m’intégrais dans « Ferkat El Hachimia »
qu’il dirigeait et qui tire son nom du regretté El Hachemi Guerouabi qui
est l’oncle maternel de Khélifa Berrabha. C’est toujours Cheikh Mohamed
Benzahra (Bentouiza) qui nous livre ses impressions et nous retrace son
passé et sa vie artistique : J’ai fait plusieurs soirées artistiques
et le public nous en demandait à chaque occasion. C’est Hafi Amouri et Ali
Rachidi qui m’ont aidé et qui m’aident encore pour la concrétisation d’un
projet d’une compilation sur C.D. qui sortira très prochainement. C’est un
recueil de chansons dont les paroles sont on ne peut plus correctes et qui
peuvent être entendues et écoutées par toute la famille. En passant, je ne
remercierais jamais assez Monsieur Rachidi Kamel pour son soutien total et
inconditionnel pour m’avoir intégré au niveau de la famille des
artistes lors d’une soirée présentée par le groupe « El Afrah »
dont la création revient au regretté Moulfi Djelloul qui était un chantre
du chaâbi. Il n’y avait pas une fête qui se tenait sans la présence de
« Ferkat El Ôud » qui était connu sous ce nom au lieu de Ferkat
Mohamed Bentouiza. Mon espérance, c’est de pouvoir ouvrir un lieu culturel que
j’appellerai « Bit El Ôud ». J’ai plusieurs instruments de
musique chez moi dont je citerais quelques-uns : 6 luths, un
synthétiseur, derbouka, tare, bendir, violon, taridja (tambourin ou petite
derbouka), tout l’appareillage électrique avec amplificateur et
haut-parleurs et même une boite à rythme. Mon souhait le plus cher est de
voir se concrétiser ce projet dans les meilleurs délais et j’attends
l’assistance des autorités locales et de tous les habitants de Chlef pour
réaliser ce projet qui me tient à cœur. Je termine ce portrait de Mohamed
Benzahra avec l’espoir que son projet puisse voir le jour le plus
rapidement possible. A tous ceux qui aiment la musique et l’art de lui
prêter assistance pour la concrétisation de son projet qui serait d’un apport
culturel conséquent pour la ville de Chlef, la wilaya de Chlef et pour le
patrimoine national de la chanson
moderne.
Mohmed
Boudia – Ecrivain - Chlef
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