jeudi 14 avril 2016

 NOTRE RANDONNEE AU VILLAGE DE DAHRA
Dahra : Chef-lieu de commune de la w. de Chlef relevant de la daïra de Taouagrit. Ville côtière et montagneuse, située à 72 km à l’ouest du chef-lieu de la wilaya. Climat : méditerranéen. limitée au sud par la commune de Sidi M'hamed Ben Ali (wilaya de Relizane), à l’est par la commune de Taougrit à l’ouest par la commune de Ouled Boughalem (Mostaganem) et au nord par la mer Méditerranée. Ancien douar qui dépendait de la commune mixte de Ténès, transformé en commune par arrêté du 04 décembre 1956 avec chef-lieu fixé à Souk El Arba (actuellement Sidi Moussa). Supprimée lors de la refonte communale de 1963 et rattachée à Taougrit, puis rétablit de nouveau par la loi de février 1984. S’étendant sur une superficie de 201,64 km 2 (4ème plus vaste commune de la wilaya de Chlef) et comptant une population estimée en 2004 à 24 534 habitants. Evolution de la population : - 3369 en 1881; 7417 en 1958 ; 8045 en 1960 ; 17 711 en 1987 ; 21 284 en 1998. Deux importantes agglomérations : Bordj Baâl et Sidi Moussa. Région à vocation agricole avec ses 1722 ha de surface agricole utile. Disposant d’un massif forestier de 492 ha. Zone touristique vierge. Plage Dechria. Histoire : -17,18 et19 juin 1845 - Enfûmades des Ouled Riah (Ghar El Frachich dans la commune de Nekmaria (Wilaya de Mostaganem) limitrophe de la commune de Dahra. Plus de 760 brûlés vifs (hommes, femmes, enfants, vieillards et bétail) sur ordre du sinistre Pélissier sur ordre du Général Bugeaud, alors commandant de la place à Orléansville. Documentaire diffusé à la bibliothèque nationale d’Alger en 2005. Le taux d’électrification atteint aujourd’hui 98%, l’assainissement avoisine les 30% et l’AEP (eau potable) ne dépasse pas les 20% et non raccordée au gaz de ville. Disposant de 949 km de chemins vicinaux et 05 km C.W (route nationale 0,1 km).

Nous avions pris notre départ de Chlef vers les 8 heures du matin car nous avions besoin d’acheter une bobine pour notre caméra. Les magasins étaient tous fermés à cette heure-là. Il fallait attendre l’ouverture de ces derniers pour pouvoir prendre la route en direction de la nationale pour rejoindre le village de Dahra, situé dans les hauteurs de la chaîne de montagne d’où  il tire son nom.
Nous avions réussi à dénicher un disquaire ou plutôt une discothèque et acheter ainsi notre bobine de film pour notre caméscope numérique. Nous sommes sortis illico presto de la ville de Chlef en passant par le Site préfabriqué de Chorfa pour prendre me prendre (Mohamed Boudia). Nous avons ensuite pris la route qui mène de Chorfa à Sidi Laroussi en passant par le Hameau de Sidi Slimane. Nous empruntons ensuite la nationale 4 sur quelques centaines de mètres puis nous bifurquons sur la droite pour rallier la route de Ain Mérane en passant par la nouvelle route du pont Bouthaiba qui traverse tout le hameau et les vergers de Lard-El- Beida.
Nous  roulions à une vitesse de croisière assez raisonnable et nous commencions à discuter de notre périple du jour. Nous avalions des kilomètres sur un plat presque sans faille jusqu’à l’embranchement de Sobha et Aïn Mérane. A partir de là, nous commencions une ascension vers les hauteurs des monts du Dahra qui prennent leur départ à partir de Sobha pour ne s’arrêter qu’à Dahra, le chef-lieu de ladite commune. La journée s’annonçait très chaude mais dès qu’on a dépassé les contreforts d’Aïn Mérane, nous nous sommes heurtés à une sorte de brouillard non moins épais qui nous masquait tout l’horizon. Nous pensions que c’était seulement la brume du matin et que le soleil allait poindre dans quelques dizaines de minutes pour nous brûler de ses rayons du début de l’été qui s’approchait à grands pas.

Flanc Sud du mont Dahra
Nous montions toujours et nous avions dépassé le village d’Aïn Mérane, celui d’Aïn Serdoune pour nous retrouver en face du village de Taougrite dès qu’on fut à la limite du col d’El Aousdja à la sortie Nord d’ Aïn Serdoune. Taougrite était là, juché sur un piton du Dahra et nous invitait à la rejoindre par la route sinueuse qui y menait. Une quinzaine de kilomètres nous séparait seulement de ce village. Nous piquions vers une descente à l’Est de la Plaine du Gris pour nous retrouver sur le flanc Sud du pic qui hébergeait le village de Taougrite.
Village de Dahra (Vue générale à partir du Nord)
Paysage de Sidi Moussa dans le brouillard (Dahra)

Vue Générale du village de Dahra (Vue du côté Nord)
Carte actuelle de la commune de Dahra
Le cimetière des Chouhadas à Sidi Moussa (Dahra)
La stèle du cimetière des Chouhadas (Sidi Moussa)
Souk hebdomadaire de Sidi Moussa (Mercredi)
Une ancienne moudjahida gardant ses chèvres
Nous nous sommes rapprochés de cette dame et nous lui avons posé quelques questions sur la révolution de 1954-1962. Elle se rappelle tous les noms des moudjahidines qui ont transité chez elle durant la révolution et se rappelle avec amertume  tous les noms de Chouhadas. La nostalgie a pris le dessus chez cette pauvre dame qui nomme ses chevreaux par les noms des Chouhadas et elle discute avec eux comme si elle parlait à des êtres humains en les fustigeant de l’avoir quittée trop tôt. Quand elle les appelle, ses chevreaux se rapprochent d’elle et l’écoutent attentivement. C’est un miracle. Nous avons assisté à plusieurs reprises à ce tableau qu’elle avait bien voulu répéter avec différents chevreaux de son troupeau. Par moments, on la prend pour une folle mais la plupart du temps, on sent qu’elle est très lucide et mérite qu’on l’écoute lorsqu’elle commence à débiter ses chansonnettes relatives à la révolution et aux moudjahidines. Elle en pleure aux larmes puis éclate de rire pour nous souhaiter la bienvenue. Sur la photo, elle est en train de discuter avec un chevreau qu’elle nomme  « Si Lakhdar » et elle le fustige et lui dit qu’il est arrogant dans sa prestance et qu’il se moque d’elle car elle est devenue vieille et que lui  est toujours jeune. C’était pathétique. Cela vous donne les larmes aux yeux lorsque vous entendez ce dialogue de sourds.
La nouvelle mosquée du village de Dahra
La nouvelle mosquée de Sidi Moussa (Dahra)
Le nouveau CEM de Dahra
Ghar El Frachich dans la commune de Nakmaria (W.de Mostaganem à la limite de la commune de Dahra
Dans ces grottes, le Colonel Pélissier, ce sinistre sieur a fait enfumer plus de mille personnes avec corps et biens sur ordre de Bugeaud qui lui avait dit de suivre l’exemple du Général Cavaignac  avec les Ouled Sbih
Grotte qui a servi aux enfumades d’Ouled Riah (Ghar El Frachich) par le Colonel Pélissier sous le commandement du Général Bugeaud qui était Cdt de la place forte d’Orléansville.

Grottes de « Ghar El Frachich »
Grottes de « Ghar El Frachich » à Nekamaria (Mostaganem)
Barrage chevauchant sur la commune de Dahra (Chlef) et la commune de Nekmaria (Mostaganem)
Vue générale du Barrage de Nekmaria (Mostaganem)
Interview d’un notable de la région à Sidi Moussa (Dahra) W. de Chlef
Falaise se trouvant du côté de Sidi Moussa (Dahra) W. de Chlef
Stèle commémorative d’une bataille qui s’est déroulée sur ces lieux-mêmes et qui a vu les moudjahidines tuer plus de deux cents soldats français et avaient récupéré plus de cent soixante-dix-neuf armes.
Stèle commémorative vue du côté Nord


Mohamed Boudia (écrivain) interviewant un centenaire dans le bourg de Sidi Moussa (Dahra)

Fort à Dahra (Sidi Moussa) occupé par les forces françaises d’occupation qui servait en même temps de camp militaire, de centre de torture et de prison.

Photo souvenir prise devant le cimetière des « Chouhadas » à Dahra
Mohamed Boudia (écrivain) interviewant Mr El Afer, directeur d’école en retraite sur la région et ses particularités.
Nouvelle mosquée à Sidi Moussa (Commune de Dahra- Chlef)
Paysan transportant des gerbes de blé sur son âne aux fins de battage dans la région de Sidi Moussa (Dahra – Chlef)
Vignoble à la sortie Nord du village de Dahra (W. de Chlef)

- Cent dix-sept ans, qui dit mieux !

Nous sommes un dimanche pas comme les autres. Nous avions donné rendez-vous aux services de l’APC de Bou Kader pour qu’ils prennent attache avec les services de sécurité (Gendarmerie Nationale) pour nous accompagner dans notre périple à travers la commune de Bou Kader. Nous avions entendu que celui qui ne visite pas le « puits du diable » ne connaît point la commune de Bou Kader. Dans notre tâche qui a été chapeautée par Monsieur le Wali de Chlef pour l’écriture d’un livre toponymique de la wilaya de Chlef, daïra par daïra et commune par commune, nous étions obligés d’aller visiter ce lieu si intrigant et si mystérieux qu’est « Bir Djeneb » ou le « Puits du Diable » comme on a tendance à l’appeler dans la région de Bou Kader.
Nous nous sommes présentés à l’APC et le secrétaire n’a même pas daigné nous gratifier d’un petit bonjour, notez bien que le Président de l’APC était en congé et nous insistâmes pour être reçus par le premier vice-président qui fut désolé de ce qui nous arrive. Il téléphona au Secrétaire Général qui lui dit qu’il n’a pas encore avisé la Gendarmerie et qu’il ne leur a pas remis la lettre de Monsieur le Wali pour nous prêter assistance dans notre périple à travers la Wilaya de Chlef. Le premier vice-président nous assura qu’il allait lui-même prendre les dispositions nécessaires pour notre sécurité et qu’il allait nous fixer un rendez-vous prochainement après avoir pris rendez-vous avec les services de sécurité. Sur ce, nous le remerciâmes et nous prirent congé en lui souhaitant bon courage pour sa tâche ardue car c’était un jour de réception du public qui attendait devant la porte du bureau de Monsieur le Président de l’APC.
Après concertation et vu que nous n’avions plus rien à faire, nous avions décidé d’un commun accord, Monsieur Mohamed Tiab et moi-même (Mohamed Boudia) de rendre visite à Monsieur le Président de l’APC d’Aïn Mérane, Bénaceur Ahmed.  La commune est située à quelques vingt kilomètres de Bou Kader. Avant d’entamer notre ascension vers Aïn Mérane, nous avions pris soin de prendre rendez-vous avec Monsieur le Président de l’APC d’Aïn Mérane qui se dit ravi de nous accueillir lui-même et qu’il nous attendrait au siège de l’APC. Effectivement, arrivés à Aïn Mérane, il était là à nous attendre sans faute aucune. Il nous invita dans son bureau et nous avons parlé de notre mission et nous lui avons présenté un travail concernant la création d’un site internet pour la commune d’Aïn Mérane. Il en fut ravi et nous demanda d’accélérer la confection de ce dernier.
Après avoir pris congé de Monsieur le Président de l’APC d’Aïn Mérane, nous avions téléphoné à Monsieur le Président de l’APC de Dahra pour lui demander s’il était disponible et s’il pouvait nous attendre pour que nous puissions prendre attache avec la doyenne de la commune (117 ans). Monsieur le Président de l’APC de Dahra nous confirma qu’il nous attendait et qu’il était ravi de nous recevoir et qu’il nous accompagnerait en personne chez cette dame. Arrivés à Dahra, nous fûmes invités avec Monsieur le Président de l’APc, 
  
Nous distinguons de gauche a droite (M. Gramzi Ahmed, agent d’administration a la commune de Dahra, M. Aichour aissa, fils aine, Mme Aichour Halima, M. Aïchour Ahmed, cadet) – sur la 2eme photo (Mme Aichour Halima, debout seule).
                          
Mme Aïchour seule  (née présumée en 1893 à Dahra)

Photo souvenir prise avec Mme Aichour Halima
De g. a d. (Aichour aissa, fils aine, Gramzi Ahmed, employé à la mairie de Dahra, Monsieur le Président de l’APC de Dahra, Mme Aichour, Aichour Ahmed, fils cadet,  El Afer Mohamed, Mohamed Boudia)
Sur la deuxième photo, Mohamed Tiab à la place de Mohamed Boudia.
Cette dame a exactement 117 ans et se suffit a elle-même et se déplace sans l’aide de personne. Elle est veuve, son mari l’ayant quitte plus tôt. Elle a eu quatre fils avec son défunt mari, deux sont décédés, et deux sont toujours en vie (Aissa, son aîné et Ahmed son cadet). Elle se rappelle presque de tout ce qu’elle a vécu avant et durant la révolution. Mme Aichour Halima bent Belgacem et de Kheira, je ne sais pas mon âge, à la question de savoir que pouvait-elle nous raconter de sa vie, elle nous apprend qu’elle s’est mariée a deux reprises et qu’elle s’était mariée à Ouled Abdallah et qu’elle a eu quatre fils de son deuxième mariage dont  deux sont morts et deux sont encore en vie, l’aîné Aissa et le cadet Ahmed. Je me rappelle du caïd « El Oukil », quand nous étions petites, nous faisions de la poterie et nous tissions. Durant la révolution, nous avons souffert et nous ne pouvions rester à la même place, nous étions pourchasses par les troupes françaises et nous subissions le martyre, a la question si son mari la battait, elle répondit qu’elle n’a jamais été battue par son mari et qu’il la respectait beaucoup. Que pensez-vous Mme des temps de la disette, durant le temps des vaches maigres, elle nous a répondu qu’ils avaient mange de la « talghouda » et d’autres herbes « el bgouga » et bien d’autres afin de ne pas mourir de faim. Nous lui avons demande si elle voulait avoir un logement dans les bâtiments H.L.M., elle a refuse catégoriquement prétextant qu’elle ne pouvait pas y vivre. Nous lui avons demande si elle connaissait quelque chose des batailles qui se sont déroulées dans la région, elle nous répondit qu’elle les connaissait mais qu’elle ne savait point l’issue des batailles mais que d’après les gens, il y a eu beaucoup  de morts dans les rangs de l’armée française.
Nous avons essayé de la ménager et nous avons pris congé d’elle et de ses deux enfants. Nous sommes revenus vers le siège de l’APC où nous avons pris des photos de Monsieur Gramzi Ahmed  pour lui faire un portrait dans notre ouvrage car nous pensons qu’il est unique dans son genre et sans complexe aucun.
Nous pensons que cette dame est la doyenne de la commune de Dahra, et peut-être même de toute la région et pourquoi pas de la wilaya entière et peut-être même au niveau national. Il serait judicieux de la part des autorités locales de la gratifier, de lui organiser une petite fête en son honneur et pourquoi pas l’envoyer aux Lieux Saints de la Mecque. Elle et ses enfants sont issus d’une couche très pauvre et méritent d’être aidés. D’après nos investigations, il s’est avéré que c’est le nom des « Aïchour » qui est le plus ancien dans la région de Dahra.
Nous tenons ici, à remercier tous ceux qui nous ont permis de réaliser cette randonnée et cette interview auprès de Mme Aïchour Halima que nous remercions vivement de nous avoir reçus et permis de faire un brin de causette avec elle. Nos remerciements vont en particulier à Monsieur le Président de l’APC de Dahra, à Monsieur El Afer Mohamed, ex-directeur d’école ainsi qu’à Monsieur Gramzi Ahmed, agent d’administration à la Mairie de Dahra. Nous tenons aussi à remercier toute la population du village et de la commune de Dahra pour leur précieux concours qui nous a permis de concrétiser notre but que nous voulons culturel et historique nécessaire et indispensable aux générations futures.
(Texte rédigé par Mohamed Boudia,ecrivain)                                     


Enfants dans le village du Dahra, jouant avec des engins mécaniques qu’ils ont fabriqués eux-mêmes.

Photo souvenir de G.àD. Mohamed Boudia et le Président de l’APC de la commune de Dahra (Wilaya de Chlef)

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